Alexandre Fourcade |Team 157| : un participant pas comme les autres
BIVOUAC MARATHON - ERFOUD
ÉTAPE 2
|157 (DAVID SCHMITT / ALEXANDRE FOURCADE-RIOU - Cent pou Cyan)|
A 27 ans, ce masseur-kinésithérapeute est au départ de cette 4ème édition du Bab el Raid. Il sera le copilote de son ami David Schmitt. Mais surtout, il est malvoyant et s’est lancé le challenge de participer à ce raid. Portrait.
Un passionné de vieilles voitures
Avec ses lunettes de soleil en permanence sur lui, il préfère prévenir « non, je ne snobe personne, je suis malvoyant ». Alexandre a la maladie de Stargardt depuis ses 6 ans. Elle affecte principalement sa vision centrale, il ne voit pas les distances, les couleurs ou encore la 3D. Il a donc une vision en noir et blanc et porte des lunettes de soleil pour se protéger de la lumière. Depuis son plus jeune âge, Alexandre a toujours voulu prouver que son handicap et d’autres n’empêchaient pas de réaliser des projets qui sortaient de l’ordinaire.
« C’est un rêve de gamin »
« Aujourd’hui, c’est un rêve de gamin que je réalise. » raconte Alexandre le sourire scotché aux lèvres. Avec David, ils se connaissent depuis la seconde. Les deux jeunes hommes sont des passionnés d’automobile, des anciennes voitures surtout. « Au lycée, on parlait déjà de participer à de petites aventures dans ce genre-là et quand David a eu son permis, on a commencé par restaurer des voitures sur des meetings de vieilles Volkswagen. » Et l’an dernier, l’idée resurgit. « On s’est dit pourquoi pas le Bab el Raid, on est parti là-dessus et j’ai appelé Simon Tassus, le directeur de ce raid, pour lui parler de mon handicap. J’ai souvent besoin de me justifier, de rassurer les gens mais Simon m’a dit « go, on y va » et on est entré dans l’aventure comme ça. »
« Même avec un handicap, on peut repousser ses limites »
En avril 2018, ils commencent par créer l’association « Frères de regard » afin de montrer que les personnes malvoyantes ou avec un autre handicap peuvent entreprendre des projets aussi bien ordinaires qu’extraordinaires. Puis, ils cherchent des sponsors. La tâche n’est pas si simple, au départ, ils contactent les amis, la famille et petit à petit, de plus en plus de sponsors viennent les soutenir dans leur projet.
Vient l’heure de trouver une voiture. Leur choix s’arrêtera sur une Golf 2 Arlequin, qu’ils surnommeront Harly, un diminutif d’Arlequin en allemand, du nom du concept sorti chez Volkswagen avec 4 couleurs sur chaque partie de la voiture. « On a revisité ce principe, on a hésité avec le camouflage et finalement on a mixé les deux. » C’est une voiture sur laquelle ils ont beaucoup travaillé : « quand on l’a acheté à un pote, elle ne roulait pas, il y avait tout à refaire presque. » Ils ont refait la culasse, les amortisseurs et le faisceau électrique qui avait pris feu. Pour la peinture, c’est Joris du garage Couvillers Automobile, un ami de David qui a tout réalisé. « Un grand merci à lui pour tout ce qu’il a fait. Tout le monde va croire que c’est un covering mais non, c’est de la vraie peinture et c’est un boulot énorme. »
Un raid adapté
Avec la société organisatrice Maïenga, ils ont mis en place un roadbook spécial pour Alexandre. Comme il ne peut pas lire ce document qui aide à la navigation sur routes et chemins, il dispose d’une synthèse vocale sur son téléphone qui va lui dicter le roadbook. Par exemple, les pictogrammes seront décrits par une voix.
« Je suis impatient de voir le soleil. Pour le reste, je n’ai pas d’inquiétude. David me connait très bien et il a l’habitude de gérer mon handicap. Peut-être que je vais galérer avec les descriptions de pictogrammes, mais pas de stress et on aura quand même un support papier du roadbook pour que David puisse vérifier en cas de besoin. Je remercie Maïenga et Simon de m’avoir permis cette première participation »
Alexandre devrait vivre une aventure aussi hors du commun que lui…Et prouver que même avec un handicap, il est possible de repousser ses limites…