De raideur à organisateur : Jessie Pedrico
ERG CHEBBI - MERZOUGA
ÉTAPE 4
Avec son accent chantant du Tarbes, Jessie, 33 ans, endosse cette année un nouveau rôle. Après avoir été participante sur l’édition 2018, elle change de gilet pour exercer son métier sur le Bab el Raid : elle est infirmière.
Le coup de foudre
L’an dernier, Jessie et Marine se sont lancées dans l’aventure du Bab el Raid. Coéquipières de hand-ball depuis 2010, elles ont décidé de l’être dans une voiture et tout est parti d’une après-midi. « On suivait avec Marine mon petit-frère qui faisait un autre rallye et on s’est dit pourquoi pas. L’un des premiers rallyes sur lequel on est tombé en faisant nos recherches, c’est le Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc mais le budget était trop élevé pour nous. Et on a vu que Maïenga organisait le Bab el Raid et là, ça été le coup de foudre. On a rempli le bon, on a fait le chèque et on a envoyé l’enveloppe sans en parler à qui que ce soit. On en a seulement parlé à nos proches le lendemain et ils nous ont pris pour des folles. Au départ, tout le monde s’inquiétait. »
L’envie de se défier
Les deux mamans s’embarquent alors dans un gros challenge. « On avait besoin d’un défi, de quelque chose qui nous montrait qu’on pouvait se surpasser, on est un peu folles aussi. Ça a été dur de laisser les enfants, pour eux comme pour nous, Le maître d’école était sympa, il se connectait chaque jour pour voir où on en était avec la classe. Toute l’école était au courant de notre position sur le raid. » Elles créent l’association : « Les Raids dingues girls » avant de faire le dossier de sponsoring pour démarcher les entreprises, elles impriment des flyers… « On a eu de la chance, on a trouvé 45 sponsors, le projet en lui-même ne nous a rien coûté, mais ça nous a pris une année parce qu’au départ quand on parlait du Bab el Raid, personne ne savait ce que c’était. »
« C’est du boulot mais ça paie ! »
Puis vient l’étape de la voiture. « On a trouvé une Super 5 très basique et deux super mécaniciens. Rehaussement, plaque de renforcement, changement des freins, embrayages, ils l’ont équipée de A à Z. C’était aussi un challenge à ce niveau-là. « Les mécanos nous avaient fait un plan du moteur pour voir tout ce qu’il fallait vérifier chaque jour. On avait aussi posé toutes les pièces de rechange au sol. La première fois, on ne connaissait rien. Tout le projet était très enrichissant. C’est du boulot mais ça paie ! »
Arrivées 8ème
« Après c’est de l’adrénaline, c’est au jour le jour, déjà la Rochelle- Tarifa, tu ne sais pas si la voiture va tenir et quand tu arrives, tu te dis ça y est, tu y es. » C’est Jessie qui conduisait et elles en ont pris pleins les yeux. Pour toutes les deux, le monde du raid, le Maroc, le désert, tout était une découverte totale. « Notre amitié en est ressortie beaucoup plus forte, quand tu partages cette aventure, ça te lie énormément. Et puis, c’était un beau challenge réussi à tous les niveaux, on a fini 8ème, pour une première, on était contente, après on l’a joué à fond, on faisait tous les défis. » Leurs familles aussi se sont prises au jeu, elle leur envoyait les classements chaque matin.
De l’autre côté de l’aventure
Et cette année, pas possible, « Les Raids dingues girls » n’ont pas pu repartir ensemble, Marine étant enceinte. « Il était hors de question le faire avec quelqu’un d’autre. J’avais déjà demandé l’an dernier en déconnant aux organisateurs s’ils n’avaient pas besoin d’une infirmière. Et de fil en aiguille, j’ai d’abord eu une réponse négative mi-janvier car les effectifs étaient complets et le lendemain, j’ai eu un mail me disant qu’ils avaient besoin d’une infirmière. J’avais 72h pour donner une réponse et m’organiser. J’ai appelé le boulot directement. »
Jessie sera donc de l’autre côté de l’aventure cette année : elle sera là pour accueillir les équipages et également sur le terrain, en voiture pour suivre les étapes et les participants en cas de problème. « Ça va être frustrant de ne pas conduire parce que j’ai adoré la conduite, c’était excitant, c’est tout nouveau d’être sur le terrain, de voir le côté préparation, organisation et puis de gérer les urgences en étant sur le vif du raid. C’est une nouvelle expérience professionnelle aussi de pouvoir exercer mon métier, c’était une opportunité à ne pas rater. Je suis comme ça, je prends ce qui vient et mon père m’a dit fonce. Ça va être sympa de revoir ceux qui étaient là l’an dernier et qui le refont. Ils vont me raconter leurs journées. »
Et son groupe, une dizaine de participants de 2018, revient en 2020. L’an prochain, Jessie et Marine reprendront le départ du Bab el Raid et forcément, Jessie après cette nouvelle expérience, le verra un peu différemment.